A 13 h 30 hier, Sophie Portier, la présidente de la XIe chambre correctionnelle devait dire l'avenir. Celui d'Alfred, retenu depuis samedi en Allemagne. Viendra? Viendra pas? Viendra sûrement, mais quand? Mercredi dernier, l'audience s'était terminée par les excuses de Roland Dumas qui s'était époumoné sur le procureur. On spéculait déjà sur les réquisitions. La nouvelle de la capture d'Alfred Sirven, vendredi, a fait l'effet d'un seau d'eau glacée sur la plupart des prévenus. Tous l'ont accusé pendant deux semaines. Ils ont parlé à sa place, lui ont fait dire ce qu'ils voulaient. Ils ont reconnu son écriture, interprété ses faits et gestes, ses messages, et même lu dans sa pensée. Sous peu, ils l'auront devant eux, entre quatre gendarmes. Même légèrement au-dessus d'eux, dans l'un des deux boxes occupés jusqu'ici par la presse. Les yeux dans les yeux. Le jeu va changer.
Mais quand au juste? Le premier curieux dans la salle d'audience est l'avocat d'Elf-Aquitaine, Me Ronsenfeld. Il sourit en grimpant l'estrade pour rejoindre le procureur. Il sourit en revenant. Il ne peut se débarrasser de son sourire. La salle se remplit soudain d'avocats. On s'y bouscule comme au marché. On discute d'avenir. L'avocat d'Elf avec celui d'André Tarallo, celui de Dumas avec celui de Miara, ceux de Le Floch-Prigent avec d'autres. On ne sait encore rien, mais c'est un bon sujet de discussion. Christine Deviers-Joncour fait son entrée, plutôt détendue. Imper noir, col roulé blanc, elle a un peu fo