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Libération
Interview

Le médecin

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«Une situation dramatique»
par
publié le 6 février 2001 à 22h38

François Aubart est chef de service de chirurgie orthopédique à l'hôpital d'Eaubonne-Montmorency, dans le Val-d'Oise.

Pourquoi êtes-vous resté dans le secteur public?

Essentiellement pour des raisons de liberté. Je voulais que ma pratique chirurgicale ne soit pas trop liée à des incitations financières. Nombre de mes collègues chirurgiens dans le privé sont soumis, plus ou moins fortement, à des pressions qui sont liées à la vie de leur clinique ou à leur situation personnelle. Et puis, l'hôpital est un lieu de production de savoir, de progrès et d'amélioration des compétences.

Votre salaire?

30 000 francs par mois. J'ai 53 ans, et cela après la prime, les gardes, et les mesures Aubry pour les hospitaliers ne faisant pas de privé.

Ceux de vos amis qui ont quitté l'hôpital public, pourquoi l'ont-ils fait?

Il y a une impression collective qu'il n'y a pas d'avenir à l'hôpital public. C'est ce qu'ils disent: avoir des revenus minorés sans travailler dans un lieu d'excellence, sans plateau technique, ni équipe performante. Et au final, les équipes à l'hôpital ne sont plus enrichies de la confrontation des générations. Les plateaux techniques et les médecins des hôpitaux vieillissent.

Avez-vous l'impression que vos conditions de travail se sont dégradées?

Nos conditions de travail sont, pour nous chirurgiens, directement liées au bloc opératoire et à l'équipe. Pour être à la pointe, dans la sécurité et la qualité, il faut avoir non seulement le plateau technique mais le personnel qualifié