Arles, correspondance.
«C'est une vraie connerie, mais bon, elle est faite...» Comme un garnement surpris la main dans le bocal de bonbons, Bruno Blohorn, président du Syndicat des riziculteurs de France, la joue plutôt profil bas. Douze producteurs de riz camarguais se sont fait surprendre par la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DCCRF). Dans leurs hangars, les inspecteurs ont retrouvé plusieurs sacs de Ronstar et de Frontiere, deux pesticides formellement interdits en riziculture, car trop toxiques pour la faune et pour la flore aquatiques.
Concurrence. Des analyses effectuées après coup sur leurs stocks de riz ont confirmé les soupçons. Des traces d'oxadiazon (le principe actif du Ronstar) et de dimethénamide (celui du Frontiere) ont bien été décelées sur leurs céréales. Selon la répression des fraudes, cela ne poserait «a priori aucun problème de sécurité sanitaire» pour le riz produit dans ces conditions. «C'est surtout une violation des règles de la concurrence, estime la DCCRF, car le riz de Camargue bénéficie d'une certification de conformité d'appellation et d'une indication géographique protégée (IGP) de l'Union européenne qui excluent l'emploi de ces produits.»
Dans cette affaire, le Centre français du riz (CFR), support technique des producteurs, n'est pas tout à fait innocent. En mars 2000, il a distribué à ses adhérents une notice dépourvue de mise en garde, qui détaille la préparation et les méthodes d'application du