«De temps en temps, au Kosovo, il m'est arrivé de fumer. Il y a des circonstances où l'on peut comprendre que ce geste de faiblesse dont je me repens devant vous ne soit pas la solution, mais un cri de détresse», a confié, non sans émotion, Bernard Kouchner, hier, à la tribune de l'Académie de médecine. Pour sa première sortie en tant que nouveau ministre délégué à la Santé, l'ancien haut responsable de l'ONU a fait un tabac.
«Rien n'a changé.» Dans la salle, tout le gratin médical et associatif venu lancer un «appel solennel» pour une nouvelle mobilisation antitabac n'a pas feint de s'offusquer de cette confession. L'heure était au plaisir des retrouvailles avec le ministre et à l'espoir que les affaires reprennent avec vigueur. «Revenant dans ce pays, j'ai l'impression que rien n'a changé depuis que j'ai été ministre, il y a un an et demi, a-t-il commenté. La France est le seul pays du monde où, dans les aéroports, on fume sous l'étiquette "Interdit de fumer". Nous avions tenté d'être efficaces avec un projet d'emplois-jeunes qui distribuent des brochures pour marquer notre exigence de respect de la loi aux portes de la France. Aéroports de Paris était d'accord.» Mais ces emplois-jeunes n'ont jamais vu le jour.
Officiellement, le sujet était de dresser le bilan de dix ans de loi Evin. Un texte historique qui a marqué un retournement des pouvoirs publics vis-à-vis du tabagisme, en jouant sur trois leviers: interdiction de la publicité directe ou indirecte, interdictio