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Libération

«En cinq jours, j'ai ricoché de drame en drame»

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publié le 13 février 2001 à 22h52

«C'était plus de douze heures d'enquête par jour non-stop, chaque adolescent me renvoyait sur une nouvelle victime, je n'ai presque pas dormi pendant une semaine.» Ce n'est pas un gendarme qui parle, mais un simple habitant de Cormeilles. Jean-Yves Cendrey, écrivain, auteur de plusieurs romans (parus chez POL et l'Olivier), est l'homme par qui l'affaire du présumé pédophile de Cormeilles a éclaté.

Il y a maintenant dix jours, la fille de l'un de ses amis lui con fie avoir été victime d'agressions sexuelles. Les faits remontent à une dizaine d'années, lorsqu'elle était élève de CP à l'école publique de Cormeilles, et l'agresseur serait son instituteur de l'époque. «Elle m'a confié son histoire, puis elle m'a dit : "Pour moi, ce n'est qu'un mauvais souvenir, mais j'ai une amie qui va très mal"», raconte l'écrivain. «J'ai rencontré son amie, avec qui c'était allé beaucoup plus loin. Elle était très déprimée, elle avait tenté de se suicider plusieurs fois. Elle m'a donné encore d'autres noms de victimes, et pendant cinq jours, j'ai ricoché de drame en drame. J'ai rencontré des familles déchirées, repliées sur elles-mêmes. Contrairement à ce qu'on pense, pres que tous les enfants avaient parlé, mais les parents n'avaient pas su qui prévenir, ou s'étaient adressés aux mauvaises personnes. Au bout d'une semaine, j'avais recueilli près d'une dizaine de témoignages accablants.

«Je me suis dit qu'il fallait agir, j'ai décidé d'aller voir l'instituteur. Mardi matin, je l'ai attendu devan