Menu
Libération
Interview

«La toxicomanie rurale existe»

Article réservé aux abonnés
Pascal Courty, directeur du Centre de soins spécialisés pour toxicomanes:
publié le 13 février 2001 à 22h52
(mis à jour le 13 février 2001 à 22h52)

Pascal Courty, pédopsychiatre au CHU de Clermont-Ferrand, est directeur du Centre de traitement et de soin spécialisé pour toxicomanes (CSST). Il revient sur les résultats de l'enquête récente révélant qu'à 19 ans un adolescent sur six fume quotidiennement (Libération du 6 février).

Comment obtenir une meilleure prévention chez les jeunes ?

Les premiers produits consommés sont l'alcool et le tabac. Les produits alcoolisés produisent un effet violent. Pour obtenir une sensation analogue, il faut ensuite taper dans des stimulants comme l'ecstasy et la cocaïne. Le tabac, lui, fait le lit du haschisch pour ses propriétés sédatives. Pour être efficace, il faut donc renforcer la prévention auprès des jeunes dès 14 ans dans les collèges et les lycées, mais uniquement sur l'alcool, le tabac et le cannabis.

Face à cette banalisation, certains demandent une dépénalisation de l'usage de cannabis...

La dépénalisation de la petite consommation existe de fait en France. Les autorités judiciaires nous confient des primo-consommateurs avec pour mission de les informer. Les adolescents qui consomment en grosses quantités fument vingt joints par jour ou frappent dix bangs (pipe à eau, ndlr). Passer au bang est un signe de gravité. Au départ, il y a chez eux un problème d'angoisse ou de dépression, et plutôt que de se tourner vers un médecin ou l'entourage, les garçons fument du shit et les filles prennent des médicaments. Au CSST on voit chaque année 150 fumeurs