L'affaire de Cormeilles a fait éclater celle de Louviers. Il y a trois jours, une femme de 35 ans, «bouleversée» par ce qui s'est passé à Cormeilles, décide de témoigner dans Libération. «Pendant l'année 1974 j'ai été violée par l'unique enseignant de l'école de mon village, un hameau d'environ 250 habitants proche de Louviers, dans l'Eure, dit-elle. Il me disait d'aller aux toilettes, il me suivait, s'enfermait avec moi et me demandait une fellation. L'année d'après, il s'est mis à aller aux toilettes avec un autre petit garçon. Aujourd'hui il enseigne encore dans cette même école.»
Pendant vingt-sept ans, cette femme s'est tue. Ce week-end, elle a finalement averti la justice et une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet d'Evreux. «Je leur ai donné le nom de la ville et le nom de l'enseignant, explique la femme. Je leur ai aussi donné le nom et l'adresse d'une personne de l'entourage de l'instituteur qui m'a appelée vendredi pour me dire qu'elle avait subi des jeux sexuels, mais qu'il ne fallait surtout pas que je porte plainte.»
Rencontrée à son domicile, cette seconde personne nous a simplement dit qu'elle n'avait rien à déclarer à des journalistes. «Je sais que les gendarmes viendront bientôt, c'est inévitable, a-t-elle ajouté, visiblement très émue. Quand ils viendront, je leur dirai tout, mais je n'irai jamais à la gendarmerie de moi-même.»
Selon une source proche de l'enquête, le parquet d'Evreux est en train de «vérifier» les noms et les faits. Toujours selo