Tribunal correctionnel d'Evreux
Frédéric est un grand baraqué: «Les policiers vous ont repéré, zigzaguant au volant de votre voiture», lit la présidente. Taux d'alcool, 0,93 mg par litre d'air expiré au lieu des 0,40 toléré. «Vous aviez bu dix bières sans manger et vous vous sentiez en état de conduire», poursuit la juge. Un avocat entre, essoufflé: «Je suis là!» La procureure requiert: «Je suis toujours étonnée de ces conducteurs qui assurent "je me sentais en état de conduire". Il est vrai qu'ils ne titubent pas, qu'ils ne se tiennent pas comme des enfants vagissant à quatre pattes. Mais ils n'ont pas les mêmes réflexes que quand ils n'ont pas bu.» Frédéric a déjà été condamné pour les mêmes faits. La procureure réclame: «Trois mois sursis, l'annulation du permis de conduire avec interdiction de le repasser avant quatre mois.» Frédéric fait «tsss» et son avocat s'approche: «Je suis navré de prendre l'audience en cours. Monsieur avait demandé un avocat tardivement. Je n'ai pas eu le temps de m'entretenir avec lui. L'annulation de son permis va handicaper sa vie professionnelle, je n'ai pas vraiment d'autres éléments.» Réquisitions suivies. Cyril avait bu trois whisky Coca, sa voiture a percuté un arbre. «Sans blessé!», précise-t-il, et la juge le reprend: «Mais c'est grave de boire en conduisant, on dirait à vous entendre que ça ne l'est pas! Et il y a eu un blessé!» Cyril reprend: «Oui, c'est moi, je me suis cassé le nez.» La procureure veut une suspension du permis et une