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Libération

Des vies africaines ne tiennent qu'à un poil américain

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La maladie du sommeil soignée avec un remède cosmétique.
publié le 21 février 2001 à 23h04

D'un côté, des milliers d'Américaines qui disposent depuis quel ques mois d'une crème (Vaniqa) pour gommer les poils disgracieux de leur visage. De l'autre, des dizaines de milliers d'Africains atteints par une maladie potentiellement mortelle, la maladie du sommeil, et menacés par l'épuisement des stocks d'un des médicaments les plus efficaces, la DFMO. Grâce aux premières, les seconds vont pouvoir continuer à être soignés, car la crème anti-hirsutisme et le traitement qui peut sauver des vies en Afrique sont issus d'une seule et même molécule: l'eflornithine. Et les laboratoires Bristol-Myers Squibb (BMS), qui commercialisent la crème Vaniqa (en collaboration avec la firme Gillette), viennent d'accepter de fabriquer spécifiquement des ampoules de DFMO. Celles-ci seront fournies gratuitement à hauteur de 60 000 doses annuelles pendant trois ans, une quantité qui devrait suffire à couvrir les besoins mondiaux.

Ce sont Médecins sans frontières (MSF) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à l'origine de l'accord avec BMS, qui distribueront les traitements. Si la fin de l'histoire est aussi heureuse, c'est bien grâce à l'acharnement de ces deux organismes qui n'ont cessé de se battre pour que l'eflornithine ne disparaisse pas de la pharmacopée.

Produit miracle. L'épopée com mence vers 1985, quand le laboratoire américain Merrel-Dow, qui travaille sur les propriétés anticancéreuses de la DFMO, découvre presque par hasard ses effets sur le parasite de la trypanosomiase. Des