On jugeait hier à Paris un jeune Français pour désertion. C'est une accusation grave mais le procès avait pourtant quelque chose de saugrenu. Alors que le service militaire vit ses derniers mois, que des milliers de jeu nes échappent le plus légalement du monde à cette obligation, la justice citait en effet à comparaître Lionel Ernatus comme s'il avait mis la patrie en danger. Il a finalement été condamné à six mois de prison avec sursis et 120 heures de travaux d'intérêt général. Soutenu par l'association des Sans-Nous (1) qui milite pour la fin immédiate du service national, il a décidé de faire appel.
«La caserne? J'ai dû y rester vingt minutes», raconte ce jeune Antillais à Libération. Début septembre 1999, il s'apprête à partir en vacances lorsque la police l'arrête dans le RER, lors d'un simple contrôle d'identité. Il est fiché comme insoumis depuis le mois d'avril, et les policiers le remettent aux gendarmes. Direction la caserne du 1er régiment du Train à Vincennes (Val-de-Marne).
Lorsqu'il y arrive, un jeudi soir, le bureau chargé de l'incorporation est fermé. On lui fait signer un papier en lui demandant de revenir le lendemain. Pas vraiment rebelle, il y retourne donc le vendredi en milieu d'après-midi. Au poste de garde, le planton refuse de le laisser entrer, en lui expliquant que le bureau est déjà fermé! Le week-end commence tôt dans l'armée. «Repassez lundi», lui dit-on. Il ne repassera pas, et d'insoumis devient déserteur.
S'il s'est retrouvé dans cette situati