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Libération

Viol en prison: les barreaux de l'absurde

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Procès à Montpellier d'un prisonnier qui a abusé de son codétenu.
publié le 8 mars 2001 à 23h55

Montpellier envoyée spéciale

A la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelonne, ce 30 septembre 1999, Pierre Grimault est placé dans une cellule déjà occupée par un autre détenu. Il vient d'être condamné à deux mois de prison ferme pour avoir acheté avec un chèque volé 973 F de vêtements de grossesse pour sa femme enceinte. A quelques jours de son 23e anniversaire, il fait pour la première fois connaissance avec le monde carcéral. C'est un jeune homme fragile et suicidaire, répertorié comme tel par l'administration pénitentiaire. En vertu de quoi, il est placé en cellule double, en quelque sorte sous la surveillance d'un codétenu susceptible de donner l'alerte en cas de tentative de suicide. Ce codétenu, c'est Ahmed Benaddaa, 32 ans. Après une courte incarcération pour recel de vol, il a été «libéré» la veille. En fait, les gendarmes l'attendaient à la porte de la prison pour le renvoyer devant la justice: il n'a pas de papiers et ne coopère pas à son expulsion du territoire. Après un passage devant les juges, Ahmed Benaddaa est de retour derrière les barreaux, le soir même, «très énervé». Au matin du 1er octobre, Pierre Grimault se plaint d'avoir été violé par son codétenu. Hier, Ahmed Benaddaa comparaissait devant la cour d'assises de Montpellier.

«Pathétique». «Le recours à la prison pour ces deux-là me dépasse, c'est quelque chose d'ahurissant», s'énerve Me Jean-Marc Darrigade, avocat de Pierre Grimault. «L'un falsifie un chèque pour faire un cadeau à sa femme enceinte; l'a