Menu
Libération
Interview

«Extrader, à condition d'avoir des preuves solides»

Article réservé aux abonnés
publié le 10 mars 2001 à 23h58

Jérusalem de notre correspondante

Irith Kahn est très en colère. Responsable des affaires internationales au ministère israélien de la Justice, cette francophile gère tous les dossiers d'extradition. Depuis le début de l'affaire du Sentier, elle épluche les demandes qui lui parviennent de France concernant l'extradition de treize prévenus réfugiés en Israël. Elle a très peu apprécié les propos tenus le 20 février par le substitut du procureur, François Franchi, estimant qu'Israël «ne tient pas ses engagements et se met au ban de la communauté internationale en matière de blanchiment». Selon le parquet, la France aurait transmis à Israël tous les éléments justifiant les extraditions, mais l'Etat hébreu n'aurait même pas convoqué les personnes concernées pour les confronter à ces pièces. Irith Kahn a répondu en exclusivité à nos questions.

Depuis quand travaillez-vous sur cette affaire?

J'ai reçu tout cela ­ une dizaine d'énormes dossiers sur lesquels figure le mot «Israël» ­ de France il y a un an. J'ai tout lu très attentivement et j'ai compris aussitôt que l'on n'allait pas pouvoir extrader ces personnes devant la justice française avec ces éléments-là. Le système juridique européen est différent du nôtre. Ici, si je veux aller au tribunal d'instance (District Court) pour lui demander d'entamer une procédure d'extradition, il faut que je lui montre les preuves capables de le persuader que j'ai une bonne raison de le faire. J'ai besoin notamment d'avoir une déclaration de la ba