Déçus et amers, les quelque 800 magistrats qui manifestaient hier aux abords de Matignon se dispersent en ruminant leur colère, en fin d'après-midi. Les organisateurs (1) espéraient être reçus par le Premier ministre ou son directeur de cabinet, «pour le symbole». «On sait qu'on ne va pas nous faire des propositions immédiatement mais, au moins, ça prouverait qu'on nous considère avec un tant soit peu d'intérêt», expliquait un manifestant. Mais Lionel Jospin leur a envoyé ses deux conseillers chargés de la justice, «nos interlocuteurs naturels et habituels», selon Valéry Turcey, président de l'USM. La délégation a donc immédiatement tourné les talons.
Deux refus. Cap sur l'Assemblée nationale. A peine 200 mètres plus loin, les manifestants sont bloqués par les cars de CRS. Nouvelle destination: le ministère de la Justice, place Vendôme. Nouveau refus de la préfecture d'accepter ce parcours qui n'avait pas été déclaré au préalable. «On est vraiment pris pour de la merde», peste un marcheur. Les slogans fusent, empruntés à d'autres et qui les visent d'habitude eux-mêmes: «Police partout, justice nulle part!» ou «le mépris, ça suffit!», tandis qu'une magistrate tente d'éclairer un CRS sur le principe de la liberté d'aller et venir. «Le premier qui vient me réclamer des dommages et intérêts pour des histoires d'outrage à agent de la force publique, alors là...», râle sa voisine.
Au mégaphone, Valéry Turcey informe ses troupes: «Nous avions déposé une demande de manifestation pour