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Libération

«Certains viennent avec des fleurs, vous avec un extincteur»

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publié le 12 mars 2001 à 23h58

Tribunal correctionnel de Rouen

Côte à côte à la barre, ils ne se regardent pas. Nadine et Jean-Marie ont les mêmes cheveux courts et teints en blond. Elle était caissière chez Géant et, grâce à un code, a détourné 236 000 francs en annulant les achats des clients. Il vivait avec elle et est poursuivi pour recel. «Parmi votre style de dépenses, je relève une voiture et un scooter pour vous, monsieur, deux dogues argentins à 8 000 francs, de l'alcool et des frais de piercing», note le juge. Il grimace: «Madame, des gens détournent de l'argent pour des besoins alimentaires, mais là! Comment expliquez-vous ça?» Nadine murmure: «Pour le garder! Et il en a profité.» Et le juge poursuit: «Eh oui! C'est le mot juste, il a déclaré être resté avec vous par intérêt.» L'avocat de Géant ajoute: «Il a même dit "Si elle vole c'est son problème, j'aurais tort de pas en profiter!"» Jean-Marie baisse le nez: «J'ai pas forcément voulu faire le salaud avec elle!» Dans la salle, un ami de Nadine brandit le poing. L'avocate pose une main sur l'épaule de sa cliente: «Géant embauche beaucoup de monde pour avoir des avantages fiscaux, mais ce sont des emplois de 19 heures, payés 2 600 francs par mois! Vivre avec ça c'est très difficile, surtout en voyant passer tout cet argent!» Dix-huit mois de sursis pour Nadine et deux ans de suspension du permis de conduire pour Jean-Marie.

L'huissier appelle Eric et Catherine. «Vous vivez seul avec vos deux enfants, demande le juge à Eric. Vous les avez eus avec