«Ses lettres me font encore pleurer. Elle écrivait: "Je suis une esclave, je suis en prison." Elle travaillait dix-sept heures par jour. Pas le droit de sortir, pas le droit de s'asseoir, pas le droit de parler.» Fatima est employée de maison à Maurepas, dans les Yvelines. Avec émotion, elle raconte le calvaire de celle qui est devenue son amie, Menja, une jeune Malgache de 21 ans. Orpheline, sans ressources, Menja débarque en France en janvier 1999 pour travailler dans le pavillon qui fait face à celui des employeurs de Fatima, dans un quartier résidentiel. Un couple franco-malgache lui a promis un poste de jeune fille au pair payé 500 francs par mois. Comparé aux 150 francs mensuels qu'elle touche à Madagascar, la proposition lui semble une aubaine. Sans hésiter, Menja accepte de suivre le couple en France.
Dès l'arrivée de Menja à Maurepas, on lui fait comprendre qu'il ne s'agit pas seulement de garder les enfants, âgés de 1 et 9 ans à l'époque. Tous les jours, la «patronne», une femme d'affaires malgache, exige d'elle une liste de tâches sans fin: récurer la maison de fond en comble, défricher le jardin, repasser des piles et des piles de linge, faire la vaisselle, la lessive, la cuisine... Menja travaille sans pause de 7 heures du matin à minuit.
Victime d'injures et de brimades incessantes, elle devient le souffre-douleur de la famille. Ses «employeurs» lui interdisent de leur adresser la parole ou de les regarder dans les yeux. «Les seuls mots qu'elle avait le droit de