Benjamin G., 31 ans, est infographiste à Meudon-la-Forêt (Hauts-de-Seine). Vendredi 2 mars, il quitte son travail «plus tôt que d'habitude», pour préparer l'anniversaire de sa femme. A la station Auber, dans l'escalier conduisant au RER A, il remarque cinq agents de sécurité du GPSR (Groupement de protection et de sécurité des réseaux, lire ci-dessous), reconnaissables à leur uniforme bleu, qui entourent un homme d'origine africaine, âgé d'une quarantaine d'années.
Numéro. Benjamin, même s'il est pressé, s'attarde «discrètement» près de l'homme cerné qui, dit-il, proteste fermement mais poliment tandis que les agents, siglés «RATP sûreté», tentent de l'éloigner du passage des voyageurs. «L'un des membres du GPSR s'est approché de l'homme et je l'ai entendu distinctement lui dire: "Maintenant, tu vas fermer ta gueule..."» Il s'interpose pour demander à l'agent de sécurité: «C'est comme ça que la RATP vous apprend à parler aux gens?» L'homme en bleu lui adresse un regard sans équivoque et lui aurait rétorqué: «Je dis ce que je veux ici.» «C'est là que j'ai compris que j'étais dans la merde», raconte Benjamin. Le voilà entouré à son tour par les agents du GPSR. Une contrôleuse de la RATP surgit. Elle veut le verbaliser car il n'a pas reporté son numéro de Carte orange sur son coupon mensuel: «Je n'avais pas eu le temps. Nous étions le 2 mars, je venais d'acheter mon coupon», explique ce grand gaillard à l'accent méridional. Les hommes du GPSR lui serrent les bras et les poignets