Un officier de gendarmerie hèle deux jeunes gardes mobiles : «Il y a un Caméscope devant la souricière. Descendez et virez-le.» Il est 13 h 20. Les deux militaires se précipitent à travers la file d'attente qui piétine devant l'entrée de la salle d'audience, se heurtent à la barrière. «Pas par ici, prenez l'escalier !», s'énerve le chef. La file d'attente ? Une soixantaine de personnes, dans l'ensemble assez ronchonnes. «C'est pas normal, le public représente la France profonde. J'ai fréquenté la maison, du temps où j'étais audiencier, explique Louis, 74 ans. Sirven ou pas, je viens ici deux fois par semaine. La justice, ça marchait quand même mieux de mon temps.» A deux mètres, une dame en profite pour râler en veillant à ce que les gendarmes en faction l'entendent. «C'est scandaleux, on est citoyen, et on nous laisse dehors ! C'est ça la France !» Un gendarme : «Fallait venir ce matin, il n'y a que dix places !» «Et pourquoi pas dormir ici, pendant que vous y êtes.»
Raphaël est avocat. «Je regarde les gens qui regardent. Sirven est une sorte de héros populaire. Quelqu'un qui a su faire la nique à l'establishment. Ça plaît, ça.» Deux jeunes s'excitent au nom de Sirven :
Pourquoi on l'a pas vu, lui ?
Il est détenu, lui, qu'est-ce t'y connais toi !
P'têt qu'il s'est encore sauvé !
Mounir, 38 ans, promène son cartable, ses grosses lunettes et ses airs conspirateurs. Il veut témoigner au procès Sirven. «Je suis victime d'une manipulation de l'ancien ministre des Affaires étran