Chez Brunet, la boucherie la plus réputée de Bordeaux, on servait du boeuf allemand étiqueté «viande française», on produisait à la demande des barquettes d'«agneau de Pauillac» et on rebaptisait les foies de veau d'origine étrangère en «origine France». Pire, on rafraîchissait au détergent industriel des têtes de veau et on marinait les rognons de boeuf à l'eau oxygénée pour mieux les conserver. Michel et Guy Brunet, les anciens propriétaires qui se flattent d'avoir pendant leur carrière «nourri directement ou indirectement 65 millions de personnes», risquent jusqu'à quatre ans de prison pour «tromperie sur la qualité substantielle de la marchandise et mise en vente de denrées falsifiées, dangereuses ou nuisibles à la santé de l'homme». Avec deux de leurs directeurs, les deux frères étaient jugés hier devant le tribunal correctionnel de Bordeaux.
Indignation. «Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait par amour de mon métier.» Volubile, indigné, Guy Brunet, 55 ans, ne nie pas avoir triché, mais assure avoir toujours gardé un «souci de qualité». Pour lui, ce sont avant tout les grandes surfaces les premières responsables des dérapages, à cause de leur politique de «pression commerciale». La société «n'avait pas le choix» en plein marasme de la vache folle : il fallait à tout prix répondre à la demande. Pas le choix ? Ce n'est pas le point de vue du substitut du procureur, Christian Vennetier, qui résume : «Le faux étiquetage était une politique d'entreprise chez les Brunet.» Les de