Le tribunal de Nanterre a relaxé hier Libération, poursuivi pour diffamation par les juges d'instruction Marie-Paule Moracchini et Roger Le Loire, en charge de l'enquête sur la mort à Djibouti du magistrat Bernard Borrel. A l'issue d'une conférence de presse tenue par Madame Borrel et ses avocats, soutenus par deux syndicats de magistrats (le SM et l'APM), Libération avait fait état de leurs critiques contre une instruction «partiale», «rocambolesque» et «lente». La juge Moracchini avait porté plainte au motif que ces critiques laissent à penser qu'elle aurait fait «n'importe quoi» dans le dossier Borrel. Faute de pouvoir poursuivre madame Borrel et ses défenseurs, parties civiles à la procédure, elle s'en était pris à Libération: à l'audience du 14 fé vrier, son avocat, Me Léon-Lev Foster, avait accusé notre journal d'avoir «menti» et de pratiquer du «mauvais journalisme». Non seulement le jugement du tribunal souligne que Brigitte Vital-Durand, auteur de l'article, a rendu compte de la polémique avec «rigueur professionnelle, exactitude, sans outrance et avec le recul nécessaire», mais il en appelle, plus largement, au «libre débat démocratique qui entoure la vie judiciaire sans que les magistrats puissent s'y opposer, sauf à considérer que toute critique à l'égard du déroulement d'une procédure est prohibée». Ainsi, «le juge doit accepter le libre regard de l'opinion à l'égard de son action dès lors que la critique fût-elle sévère ne recèle aucune accusation mettant e
«Libération» gagne contre deux juges
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par Renaud Lecadre
publié le 14 mars 2001 à 0h01
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