Ce n'est pas la fin du sexe sans risque. Mais c'est peut-être plus déroutant. Un peu partout, un peu tout le temps, il existe une réelle reprise des pratiques à risque chez les gays en France. Aussi bien chez les séropositifs que chez les séronégatifs. A Paris surtout, mais aussi en province. Dans les couples stables ou avec des partenaires occasionnels. «Ce n'est pas la catastrophe annoncée, note avec prudence Jacky Fougeray, directeur du titre gay Illico. Mais les homos baisent différemment, le préservatif est moins utilisé.» Comme Libération l'avait décrit en s'interrogeant sur un «relapse» à la francaise (Libération du 11 octobre 2000), plus de vingt ans après l'arrivée du virus en France, et plus de quinze ans après la mise en place d'un incroyable modèle d'adaptation à un risque infectieux (en l'occurrence le safe sex), se confirme une certaine lassitude des homosexuels vis-à-vis de cet outil de prévention.
Observation froide. En tout cas, pour la première fois depuis l'arrivée des nouveaux traitements, une étude, chiffrée et complète, portant sur près de 5 000 homosexuels, confirme cette tendance déjà mise à jour par d'autres travaux indirects. Rendus publics ce matin dans la presse gay (1), les résultats de l'enquête 2000 sur la sexualité homosexuelle sont de ce point de vue essentiels. Et, au passage, ils font état d'un courage certain de la «communauté gay» à se prêter à une observation froide de ses pratiques. «Heureusement qu'on est là pour savoir un peu ce qui se