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Libération
Interview

«On ne peut pas dire que l'épidémie reprenne»

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publié le 15 mars 2001 à 0h03

Jacques Drucker, directeur de l'Institut national de veille sanitaire, assisté d'Anne Laporte, responsable de la surveillance du VIH en France, répondent à nos questions.

A l'instar de ce qui se passe chez les homosexuels, peut-on parler d'une reprise des comportements à risques chez les hétérosexuels?

Nous n'avons pas d'éléments pour le dire de façon claire. On peut néanmoins pointer trois indicateurs indirects. D'abord, si l'on regarde le nombre de cas de sida notifiés, la diminution chez les hétérosexuels n'a pas été aussi forte que dans les autres groupes. En second lieu, le dépistage se fait moins bien. Enfin, quand on regarde les MST (maladies sexuellement transmissibles, ndlr), ­ et en particulier les gonococcies (1) ­, leur recrudescence est aussi sensible chez les hétérosexuels que chez les homosexuels. Elles augmentent depuis 1998. De ce point de vue, on pourrait supposer que les comportements à risque chez les hétérosexuels suivent une même ligne que chez les homosexuels. Mais ce sont des suppositions. Pour avoir une certitude, il faudrait refaire la vaste enquête sur les comportements sexuels des Français, réalisée en 1994.

Mais y a-t-il un relâchement de la prévention?

On ne peut pas comparer la situation des homosexuels et celle des hétérosexuels. Le degré de risque n'est pas du tout de la même importance. Ensuite, la mise en place du modèle du safe sex chez les homosexuels ne s'est pas réduite à la simple diffusion du préservatif. C'est tout un ensemble qui s'est