La cité des Tilleuls est entrée dans l'audience. Au procès du meurtre de la boulangère du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), où trois accusés comparaissent depuis mardi, elle pèse par sa présence. Cette femme de 67 ans avait été retrouvée, massacrée dans son pavillon, le 30 mars 1998. Dans la salle de la cour d'assises de Bobigny, les mots «balance», «peur», «honte» ou «respect» résonnent. Les noms de famille qu'on y entend deviendront des réfé rences dans la cité. Parce qu'ils sont passés par ici. Et ce quartier de Seine-Saint-Denis sera marqué par la chronique de ces débats. Elle pourrait bien nourrir les rixes à venir, faire la base de la sauce qui sert à macérer les haines.
Copains baraqués. Dans la salle, il y a des présences physiques appuyées, des allées et venues incessantes et des regards haineux. D'un côté, le clan de Djamel Belarbi: les frères et copains baraqués du seul accusé en détention lancent parfois des regards de haine aux personnes venues témoigner. De l'autre, les soeurs de Sékou Coulibaly et les proches de Saïd Hamla, les deux autres accusés, libres à l'audience, réagissent bruyamment. Ce sont «deux groupes ennemis qui se rejettent les responsabilités», selon les mots de Me Cohen Sabban, avocat de la partie civile.
Mercredi matin, le petit frère de Saïd Hamla, troisième accusé, a pris une claque derrière la tête. Mercredi soir, un témoin s'avance vers les hommes de loi, alors que la lumière s'éteint, pour dire: «J'ai été menacé. On m'a dit de ne pas venir