Le lobby nucléaire français vient de subir un sérieux revers. Les applaudissements des écologistes, vendredi, en témoignent. Jeudi, la Cogema, entreprise publique chargée du retraitement des combustibles nucléaires, s'est fait taper sur les doigts par la justice pour avoir voulu retraiter à La Hague, a priori sans autorisation, des matières nucléaires australiennes hautement irradiées. Et ce revers est une première. La question étant de savoir aujourd'hui si l'onde de choc va remonter jusqu'aux ministères de l'Industrie et de l'Environnement.
Premier acte: le 13 mars 2001, la Cogema assigne Greenpeace en référé devant le tribunal de Cherbourg. La Compagnie générale des matières nucléaires veut faire interdire aux militants de Greenpeace d'entraver, comme ils ont coutume de le faire, le débarquement imminent du combustible nucléaire australien. Il s'agit là du deuxième lot venu d'Australie (quatre sont prévus), le premier étant stocké depuis janvier 2000. Greenpeace contre-attaque alors sur le terrain juridique, en demandant à la Cogema de produire l'ensemble des pièces qui prouvent la légalité de l'importation des déchets australiens.
Coup de théâtre: mercredi, le tribunal déboute la Cogema et la condamne à produire les documents réclamés par l'organisation écologiste. La Cogema semble obtempérer, mais il manque quelques pages aux pièces transmises. Le contrat en main, l'association constate néanmoins que la Cogema n'a «ni demandé ni obtenu la moindre autorisation de retraiter