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Libération

«Joe the killer», un prisonnier ordinaire.

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Détenu depuis trois ans, Guy Georges, jugé aujourd'hui,s'était donné ce surnom, mais n'évoque jamais les meurtres.
publié le 19 mars 2001 à 0h04

«Vétéran de la galère», selon ses mots, Guy Georges passe une heure à ramer tous les matins dans la salle de sport de la maison d'arrêt de la Santé: 60 minutes de «cardio-training» à tirer sur la barre, ça muscle les biceps et ça «passe le temps». Et une heure l'après-midi à tourner en rond seul dans la cour. En cellule, au quartier d'isolement (QI) depuis trois ans, le «numéro 4» enchaîne les pompes aussi, des dizaines, des centaines, jusqu'au vertige: «ça défoule et entretient la forme.» En détenu ordinaire, Guy Georges reste rivé au petit écran, téléphage du lever au coucher: clips pour la musique, «jeux des questions», «tous les sports» sur Eurosport, «Nulle Part Ailleurs» sur Canal +, les «bons films» d'Arte, les reportages sur Planète, sur les pythons ou l'Amazonie, les forêts au Canada et les kangourous. Entre ses quatre murs, «Joe l'Indien», qui, dans ses jeux d'enfant, incarnait le méchant trappeur de Tom Sawyer, renoue ce lien «à la nature et aux animaux» pour rester «zen». A 10 ans, déjà, le petit Noir de la Ddass se réfugiait dans les bois, près de sa maison d'accueil en Anjou (1), et braconnait pour chasser ses malheurs. Adulte, Guy Georges s'échappait parfois à la campagne ou à la montagne pour apaiser son «stress de la ville» et sa «boule de haine». Un pétard, une bière, une mélodie de Pink Floyd ou les «cris des milans», et il redevenait «calme» et «serein».

Enfermé, Guy Georges se ressource avec la «zique», jazz, blues, rock et musique classique. Et son idole