«L'agent de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) peut se transmettre de primate à primate, par voie intraveineuse, en vingt-cinq mois.» Telle est l'une des principales conclusions de l'importante série d'expériences conduite par Corinne Lasmézas, Jean-Philippe Deslys et Dominique Dormont (Commissariat à l'énergie atomique).
Réalisés par l'une des rares équipes au monde étudiant les maladies à prions chez des singes, ces travaux (1) constituent la première étude du «comportement» de l'agent bovin chez une espèce très proche de l'espèce humaine. Elle apporte des éléments de réponses aux questions posées par la tristement célèbre v-MCJ (variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob). Au premier rang, figure celle du risque de transmission interhumaine de la v-MCJ. «On sait qu'une proportion importante de la population britannique a été exposée au prion bovin par l'alimentation, que la maladie est passée à l'homme et qu'un nombre incertain de personnes sont actuellement porteuses du prion bovin, explique Corinne Lasmézas. Il était important de savoir si cette souche bovine, transmise par voie orale, présente un risque de transmission d'homme à homme par d'autres voies: injections, chirurgie...» La réponse est hélas positive.
Incubation. Les chercheurs l'ont prouvé par une expérience en deux temps. Ils ont «créé» un «singe fou», en lui injectant dans le cerveau un broyat de cerveau de vache folle. L'animal a développé la maladie au bout de trois ans. Ils ont prélevé des échanti