Lille envoyé spécial
C'est le bleu des volets qui attire le regard. Trop pimpant dans ce royaume de brique au milieu du vieux Lille. Façade de «garçonnière», prétend un voisin pour décrire la maison aux persiennes closes. Un homme et deux femmes y venaient régulièrement. Discrètement. «Y avait-il du sentiment derrière ces murs?», interroge le voisin. Vendredi 2 mars, vers 21 heures, les pompiers et la police découvrent au rez-de-chaussée le corps sans vie de Karine (1), une femme de 31 ans. Et tout un matériel sadomasochiste. Depuis, sur la porte, a été apposé le cachet rouge des scellés judiciaires et une étiquette avec la mention «Homicide».
Initiés. Entre la cave et le second étage mansardé de la maison bleue, Paul a créé un espace intimiste, connu d'une trentaine d'initiés. «De la domination soft», selon certaines confidences, pour qualifier ces jeux de rôles. De temps en temps, les voisins entendent de la musique, voient défiler des voitures. Dans ce quartier populaire, on dit ne pas comprendre grand-chose aux jeux de domination et de soumission abrités par le lieu. Pas plus qu'aux rôles tenus par ses occupants. D'abord le «maître», Paul, propriétaire des lieux. La soixantaine, grand et grisonnant, plutôt corpulent, fumeur de Gitanes. Et son «esclave» la plus ancienne, Catherine, la cinquantaine, blonde, très belle. Ils se connaissent depuis vingt ans, mais ne vivent pas ensemble.
Très riche industriel, aujourd'hui retiré des affaires et séparé de sa première épouse, l'hom