Menu
Libération

Robes noires contre tuniques bleues.

Article réservé aux abonnés
La police accuse un avocat d'ivresse dans un commissariat.
publié le 22 mars 2001 à 0h09

Dans cette audience à juge unique de Nanterre, ne défilent que des gens ordinaires qui ont enfreint le code de la route. Un ingénieur, un dépanneur de machines à laver ou une attachée commerciale se retrouvent là, penauds, pour avoir pris le volant avec un taux d'alcoolémie trop élevé. Pourtant, avant l'examen de l'un des dossiers, une foule de robes noires envahit la salle. Pas moins d'une trentaine d'avocats. Le bâtonnier Mattéoli en personne s'avance vers la barre et demande l'autorisation de parler. Le procureur Christophe Morgan fait la moue: «C'est très inhabituel, maître. Toutefois, si vous n'abordez pas le fond du dossier...» Le bâtonnier se lance dans un rappel des grands principes du droit de la défense, «qui ne s'arrête pas aux portes des commissariats».

Salle de dégrisement. Car l'affaire du jour met en cause un avocat, Me Antoine Gimondi, qui assurait une permanence dans le ressort du tribunal de Nanterre, dans la nuit du 20 au 21 février. Appelé au commissariat de la Défense pour assister un gardé à vue, il s'empoigne avec la brigadière de service qui, par commodité, lui demande de s'entretenir avec son client en cellule. Il tempête et obtient une salle plus appropriée. Mais une fois sa mission accomplie, un policier lui demande de souffler dans l'éthylomètre. Me Gimondi refuse. Et termine la nuit dans la salle de dégrisement.

«Je nous invite tous au respect de nos missions respectives», propose Me Mattéoli. Les avocats massés dans la salle estiment que ce qui s'