Etrange procès que celui de Guy Georges devant la cour d'assises de Paris. Accusé de crimes en série, l'homme de 38 ans aux yeux verts et à la peau olivâtre est arrivé lundi dans le box des accusés comme sur un ring, sportif décontracté. Attendri, il a tenté de rallier la famille de son coeur, de rejeter la faute sur les médias: «Je suis accusé de ça, mais pas encore coupable.» Il a murmuré: «Je t'aime, maman» à Jeanne Morin qui ne veut plus de lui. «Maintenant, mon coeur se vide.»
Au bout de deux jours sur son itinéraire, Guy Georges a perdu son sourire et sa gouaille, pour aborder les crimes, les sept jeunes femmes violées et égorgées à Paris entre 1991 et 1997. Sombre et rigide, il a essayé de repousser les actes de «Joe the Killer» par des formules toutes faites: «J'ai rien à voir avec ces affaires»; «J'suis tombé pour la pointe» (le viol); «J'suis pas le tueur.» Il a invoqué des violences policières, des «aveux extorqués», sans oser le répéter aux capitaines de la brigade criminelle qui l'ont eu «par les sentiments».
Silence glacé. Obligé de se prêter aux «séances photos» comme les jurés, l'accusé a feuilleté, chaque jour, les clichés des scènes de crimes, avec le recul de celui qui n'y est pour rien, mais le masque grave des mauvais jours. Dans un silence glacé, Guy Georges a tourné les pages des filles dénudées et tailladées au couteau, des plaies béantes, des lambeaux de slips et de soutiens-gorge, des pantalons tranchés à l'entrejambe. Dans un silence glacé, tous les