La sûreté des installations nucléaires en France a-t-elle vraiment marqué des progrès sensibles en 2000? Ou l'absence d'incidents graves est-elle surtout due à la chance? Le rapport 2000 de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), gendarme du nucléaire, qui a été rendu public hier, répond à cette question avec une infinie prudence. D'un côté, il se félicite que l'année 2000 ait été «exempte d'incidents majeurs». De l'autre, il rappelle sévèrement EDF à l'ordre pour des négligences en matière de sûreté. «Dans son rapport annuel 1999, l'ASN notait la persistance d'un manque de rigueur dans l'exploitation de certaines centrales nucléaires. Ce constat est encore valable, et même renforcé sur certains sites», note le rapport.
Ecarts. Ainsi, la centrale de Dampierre-en-Burly (Loiret). Le 28 septembre 2000, l'ASN plaçait ce site sous «surveillance renforcée». Avec une menace de fermeture à la clé. Depuis 1996, en effet, les dérapages s'y sont multipliés: déversement d'un conteneur d'huile de lubrification radioactif dans la Loire, poursuite du fonctionnement d'un réacteur alors que la hausse de température d'un réservoir d'eau aurait dû imposer l'arrêt, arrêt d'un réacteur de la centrale juste après son redémarrage suite à un écart d'appréciation entre les équipes de conduite et d'essai et alors que la puissance atteinte par ce réacteur avait dépassé la limite maximale autorisée, port des protections individuelles non respecté...
A l'origine de ce «manque de rigueur dans l'exploitation»