Bordeaux correspondance
Mustapha al-Amraoui a passé sept mois en prison parce qu'il refuse de quitter la France. Ce Marocain de 32 ans avait été condamné à trois ans ferme, assortis de trois ans d'interdiction de séjour sur le territoire français, pour trafic d'héroïne. Il a fini de purger sa peine le 19 octobre. Depuis, par deux fois, les autorités françaises ont voulu l'expulser, par deux fois il a refusé d'embarquer sur le vol Bordeaux-Rabat, ce qui lui a valu trois mois puis quatre mois de prison supplémentaires. Il ne veut pas retourner dans son pays natal parce qu'à Bordeaux vivent son épouse, Emmanuelle, et son fils, Marouan, 6 mois, tous deux de nationalité française. Lui est marocain, expulsable dès la fin de sa peine. Il doit sortir lundi, les siens redoutent qu'on le conduise à Sète ou à Marseille pour l'embarquer de force sur le premier bateau.
Cas symbolique. «C'est injuste, absurde, personne n'a le droit de le séparer de sa famille», proteste Emmanuelle. Son fils dans les bras, la jeune femme est allée manifester vendredi après-midi au pied de la préfecture de Gironde, avec une poignée d'amis et de militants opposés à la double peine. Elle espérait obtenir du préfet une assignation à résidence de dernière minute pour suspendre la procédure d'expulsion, se donner le temps de tenter les ultimes recours juridiques. En fin d'après-midi, le dernier espoir avait échoué. Les portes de la préfecture sont restées closes, les militants ont déposé une pétition rassemblant 2