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Libération

Une sourde-muette tuée dans l'indifférence

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Un homme, rencontré à une soirée, a avoué l'avoir frappée et brûlée.
publié le 31 mars 2001 à 0h16

Bordeaux correspondance

Les pompiers avaient été appelés pour un feu de poubelle, ils ont retrouvé le corps d'une jeune femme en train de se consumer dans une cage d'escalier d'une résidence d'étudiants, à deux pas du cimetière de Bordeaux. «Une énigme comme on en voit peu ici», a dit le procureur de la République, Jacques Baume, au cours d'une conférence de presse. Malgré les ravages du feu, la victime a été rapidement identifiée: Dominique, 21 ans, étudiante, souffrait de surdité et d'un déficit du langage. Orpheline de père, abandonnée par sa mère, elle était venue à Bordeaux pour passer un CAP de graphiste au centre d'éducation spécialisé pour déficients auditifs (Cesda). Depuis un an, elle qui avait toujours vécu en institution avait quitté l'internat pour prendre un studio à la résidence Stanford, à proximité du Cesda. Là, elle vivait entourée d'amis malentendants, une petite communauté fermée, soudée, «un peu à part», disent les enquêteurs. C'est dans ce cercle étroit que le drame s'est déroulé, jeudi.

213 auditions. Comme souvent, une petite fête s'était impro visée dans l'un des appartements de la résidence. Dominique y rencontre des invités de passage, Madkour Hamdi et Mourad Sadmi, tous deux malentendants, comme tous ceux qui se trouvent là. En fin de soirée, elle regagne son studio avec Madkour. Les voilà dans la chambre. Que s'est-il passé ensuite? Les voisins ont entendu des cris et des appels au secours, personne n'a bougé. Le gardien n'a rien remarqué. Six heur