En 1993, lorsque Jacques Monsieur s'installe à Lignières, près de Bour ges (Cher), il se déclare agriculteur. Un agriculteur étonnant. Citoyen belge, détenteur d'un second passeport ivoirien, propriétaire de chevaux et d'un domaine joliment baptisé les Amourettes. En 1996, sur commission rogatoire d'un juge belge, des gendarmes de Bruxelles accompagnés de leurs confrères de Bour ges perquisitionnent chez Jacques Monsieur. Les enquêteurs français découvrent, non sans stupeur, que l'agriculteur expatrié est un trafiquant d'armes d'envergure internationale. Les gendarmes repartent avec près de 3 000 documents (fax, bons de commande, notices techni ques sur des mines...), souvent rédigés en lan gue étran gère. Le 12 mars 2001, le ministère français de la Justice diffuse un mandat d'arrêt international à l'encontre de Jac ques Monsieur pour «commerce de matériel de guerre et de munitions sans autorisation du ministère de la Défense».
Trois dates pour un raccourci éclair de la vie d'un trafiquant de haute volée, marchand d'armes et intime des milieux du renseignement. Un homme de 48 ans dont la trajectoire, de Bruxelles à Paris en passant par Bourges, suscite pres que autant de questions qu'elle apporte de réponses. Même son arrestation en Iran pour «espionnage et recueil d'informations classées», en novembre 2000, par la troisième section du Tribunal révolutionnaire de Téhéran, est confuse. Les autorités iraniennes n'ont toujours pas confirmé officiellement son identité à l'ambass