Colmar envoyée spéciale
L'air grave et le visage fermé, David Oberdorf, 23 ans, ne cille pas. La cour d'assises du Haut-Rhin vient de le condamner à vingt ans de réclusion criminelle pour avoir assassiné l'abbé Jean Uhl, 68 ans, dans le presbytère de l'église de Kingers heim sous l'impulsion d'un «flash satanique», le 19 décembre 1996. C'est la peine «minimum» requise par l'avocat général. L'ami d'enfance de l'accusé, Stéphane Fest, 23 ans, qui l'avait aidé à dissimuler l'arme du crime un mois après les faits, est condamné à douze mois de prison, dont huit avec sursis. Sa condamnation étant couverte par la détention provisoire, il est libre.
Larmes. Juste avant que les jurés se retirent pour près de quatre heures de délibération, David Oberdorf, les larmes aux yeux, avait voulu en quelques mots dire «quelque chose de très important» pour lui: demander une nouvelle fois «pardon» à la famille du curé, victime de 33 coups de couteau dans le dos; et aussi «pardon à [sa] propre famille, à l'Eglise et à la commune de Kingersheim».
Un peu plus tôt, donc, l'avocat général, Jean Lorentz, avait réclamé une peine minimum de vingt ans de réclusion criminelle: «David Oberdorf a agi comme un assassin crapuleux et odieux. Il n'a pas cessé de prendre des précautions. Il a été calculateur en jetant les gants qu'il avait utilisés, en nettoyant les roues de son vélo, en dissimulant le couteau du crime», rappelle le magistrat après une longue digression sur la sorcellerie en Alsace du Moyen Age à