Vallon-Pont-d'Arc envoyé spécial
Pierre Peschier a trouvé l'arrêt de la cour d'appel de Toulouse «plein de sensibilité». Après six ans de déboires judiciaires, les magistrats ont estimé, le 26 mars, que les terrains qu'il possède avec deux autres familles, les Ollier et les Helly, valaient 87,5 millions de F. Ce ne sont pourtant que onze hectares, recouverts de garrigue. Mais ils renferment la grotte Chauvet, le plus ancien ensemble d'ornements pariétaux connu. Avec ces millions de francs, on est bien loin des 31 000 F que l'Etat comptait donner aux trois propriétaires. Pour fixer cette somme, la cour d'appel a pris en compte les bénéfices que pouvaient espérer les expropriés. Sa décision sanctionne aussi le mépris de l'Etat, et son refus de négocier avec les trois Ardéchois (1).
Leurs parcelles portent une végétation sèche et odorante. Des chênes verts et blancs, des buis et des genévriers. Un vrai repaire à sangliers. Il faut s'égratigner pour pénétrer ces terres, où l'on ne plante jamais rien. Un juge de Privas les a estimées 25 centimes du m2. Pour les hommes qui s'y sont succédé, cette terre ne valait guère plus. Ils ignoraient qu'elle renfermait plus de 500 signes, sculptures et dessins, dont une panthère et un hibou, jusque-là inédits. Un éboulement avait refermé l'issue de la grotte, il y a quelque 20 000 ans. Le plus ancien propriétaire connu s'appelait Merle de Lagorce. Sa famille avait acquis les bois au début du XVIIe siècle. Elle les avait gardés jusqu'à la Révolu