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Libération

La Vierge enlève la mairie de Saint-Pierre.

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La communauté religieuse du village a fait basculer le scrutin municipal.
publié le 9 avril 2001 à 0h26

Saint-Pierre-de-Colombier

envoyé spécial

Sur un éperon rocheux, une vierge blanche offre sa douce protection au village. En contrebas, au creux de la vallée, près de la vieille église, une boursouflure bétonnée de bâtiments à quatre étages. Ils sont reliés par un système de passerelles où vont et viennent des jeunes gens en uniforme bleu marine, jupe longue et voile pour les filles. C'est le siège sans grâce de la «Famille missionnaire de Notre-Dame des Neiges». Enfin, depuis peu, on dit «Notre-Dame» tout court, comme l'attestent les panneaux à l'entrée de Saint-Pierre-de-Colombier, où les mots «des Neiges» sont barrés. Des Trappistes éponymes appréciaient peu la confusion. C'est que la communauté est diversement appréciée. D'ail leurs, depuis les dernières municipales, elle est au coeur d'une polémique qui empoisonne la vie du bourg.

Voeu. Au départ, donc, il y a la Vierge. Les villageoises avaient fait un voeu pendant la dernière guerre: si tous les prisonniers rentrent aux pays, nous remercierons Marie. Elles ont été exaucées. En 1946, elles érigent donc la statue de Notre-Dame des Neiges. A la même époque, un nouveau curé est nommé: le père Dorne. Une demi-douzaine de jeunes filles l'accompagnent. L'équipe a un projet de vie religieuse. Les filles se font embaucher à la petite usine de soie naturelle installée au bord du torrent qui traverse la commune. L'une d'elle, Maria-Augusta, aurait vécu une nuit entière de transes à l'église et serait retournée le matin au travail, f