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Libération

Charlot au «château» après six ans aux oubliettes.

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En Seine-Maritime, un homme de 90 ans vivait dans une cave. Sa logeuse disposait de sa pension.
publié le 13 avril 2001 à 0h28

Saint-Léger-du-Bourg-Denis

envoyé spécial

C'est une cave que tout le monde ignorait. Une cave à géométrie variable. «Un enfer», pour les uns. «Mieux que rien», pour les autres. Charles y a vécu six ans, à Saint-Léger-du-Bourg-Denis, à quelques kilomètres de Rouen. Une cave en rez-de-jardin. Pour y entrer, il faut descendre trois marches, franchir une porte-fenêtre d'un ocre délavé. Aujourd'hui, elle est fermée à double tour. De la vitre, on aperçoit un sol en terre battue. Il y avait un matelas, une caisse de vêtements, une petite radio. Et puis aussi un congélateur, une machine à laver. Charles en sortait pour jardiner. Dans les rangs, poirette (nom local du jeune poireau), salades, radis.

Voilà dix jours, un huissier a découvert Charles ­ un homme de 90 ans, courbé et roublard ­ dans la cave. L'homme de loi venait récupérer les loyers impayés de sa logeuse. Il a averti les services sociaux de la mairie. Ils ont alerté ceux du procureur. Celui-ci n'a été pour l'instant saisi d'aucune plainte. A Saint-Léger, l'histoire a fait grand bruit. A Charles, on a vite trouvé une place aux Eaux vives, la maison de retraite. Charles appelle sa nouvelle résidence «le château». Le bâtiment est clair, moderne. L'après-midi, les locataires y chantent en choeur Auprès de ma blonde tandis que le nouveau est planté devant la télé. Dans sa chambre, il y a du papier peint. Dans la salle de bains, une glace, la lumière qui s'allume et qui s'éteint quand il se rend aux toilettes. Charles, ça le sidè