Le langage administratif a ses pudibonderies. Il en est ainsi de la «zone P5». C'est un lieu où la probabilité est d'un accident sur dix interventions. Une zone très fréquentée par les démineurs au cours des 11 500 interventions qu'ils effectuent en moyenne chaque année. «Parfois on a de la chance, on travaille en zone P4 (un accident sur 100 interventions, ndlr)», sourit Philippe Jamin. Il est démineur depuis quinze ans et président de l'amicale des démineurs de France. Lui et 27 de ses collègues sont à Vimy (Pas-de-Calais) depuis jeudi et pour plusieurs jours encore (lire ci-dessous). «On est là, on s'exécute, on n'a pas le droit de grève en raison de notre statut de policier et on en a marre.»
Ils le font savoir. Les 150 personnes des 16 centres de déminage français réclament un meilleur statut, «donc un meilleur salaire», et de meilleures conditions de travail. Et menacent de défiler devant les locaux de la Sécurité civile à Asnières (Hauts-de-Seine) ce mercredi, s'ils ne sont pas entendus en haut lieu. Les hauts lieux sont venus jusqu'à eux. Lionel Jospin et le ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, ont passé leur dimanche à Vimy. Ils ont dîné avec les démineurs et les ont écoutés. «On verra s'ils nous ont vraiment entendus, mais en attendant, la manifestation est suspendue.»
Sécurité et confort. Les 55 tonnes d'obus du Pas-de-Calais ont attisé une colère qui couve depuis longtemps et rejaillit à chaque accident grave. «Dix pour cent de nos effectifs sont morts dans l'