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Libération

Des paysans qui circulent mais ne s'installent pas.

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Une étude sociologique retrace leur parcours depuis la région d'Oas.
publié le 18 avril 2001 à 0h30

Qui sont les Roumains qui arrivent en France depuis la chute du Mur? Comment viennent-ils et comment vivent-ils? Pour le comprendre, la sociologue Dana Diminescu, a remonté le chemin de leur migration (1).

Elle est partie de la région d'Oas, dans le nord-est de la Roumanie, qui, depuis dix ans, fournit à la France des brassées de migrants, des paysans non gitans. La sociologue, elle-même roumaine, native de Timisoara, raconte comment, depuis les années 90, ses compatriotes pratiquent «de façon systématique la ruse et le détour» pour venir en France. Elle décrypte cette immigration qu'elle appelle «circulation migratoire»: car, selon elle, le but de ces voyages reste la circulation, pas l'installation.

Tout a commencé en 1992, quand sept paysans de la région d'Oas ont quitté leur village. Leur retour dans les mois qui suivent encourage de nouveaux départs et des projets de séjours temporaires s'élaborent.

Pour passer les frontières, se développe «un marché de l'identité de voyage». Il faut «être propre dans l'ordinateur», comme le formule un jeune interviewé. Ce qui implique par exemple de changer de patronyme pour gommer toute visibilité informatique dans le SIS, le fichier Schengen: «Les noms d'emprunt fleurissent» et deviennent «des noms de passe». Il faut aussi tricher sur son âge pour éviter d'apparaître dans les fichiers des préfectures, puisqu'ils n'enregistrent pas les mineurs. Une fois sur le territoire français, les Roumains utilisent les ficelles d'un système législat