Charles Pasqua est de plus en plus agacé. Il en a assez de voir son nom et son parti, le RPF, régulièrement cités dans l'affaire du trafic d'armes à destination de l'Angola, instruite par les juges Philippe Courroye et Isabelle Prevost-Desprez. Et trouve que ces deux juges passent les bornes. Alors il a pris sa plume pour écrire à la ministre de la Justice, Marylise Lebranchu, le 23 mars afin que le Conseil supérieur de la magistrature soit saisi «d'un certain nombre d'actes commis par les deux juges». Le président du RPF l'a révélé hier sur RTL, en faisant ce commentaire: «Il y a des limites à tout. Je crois que les juges doivent faire leur travail, c'est leur problème. Mais, moi, je n'ai pas l'intention de laisser faire n'importe quoi sans réagir.» Précision obtenue dans l'entourage de Pasqua, son souci concerne la saisie effectuée par les deux juges du fichier d'adhérents du RPF: pour Pasqua, c'est une atteinte à la Constitution, et notamment à son article 4, qui garantit la libre activité des partis politiques.
Les deux magistrats enquêtent sur le rôle du ministère de l'Intérieur dans la livraison d'armes organisée en 1993 et 1994 par Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak à destination de l'Angola et sur un don de 1,5 million de francs effectué par Pierre Falcone au bénéfice de l'Association France-Afrique-Orient (Afao), dont le vice-président était Charles Pasqua. Ils ont aussi commencé à fouiller dans les finances du RPF: un apport de 7 millions de francs a été effectué par