Au nom de la protection de l'enfance, Patrick Dils devra-t-il à nouveau être jugé dans le secret de la cour d'assises des mineurs? Le jeune homme est aujourd'hui âgé de 30 ans. Son affaire, l'une des plus exceptionnelles que la justice ait eu à trancher, est largement publique. Et pourtant, la stricte application de la loi veut que, pour la seconde fois, son tête-à-tête avec ses juges se déroule derrière les murs fermés d'un palais de justice. Seule l'action énergique d'une poignée de députés et de sénateurs, doublée d'une course contre la montre, pourrait aujourd'hui sortir l'affaire de la «clandestinité», selon l'expression de l'avocat du jeune homme, Jean-Marc Florand.
Patrick Dils avait 19 ans quand il a été condamné, en 1989, pour le meurtre de deux petits garçons. Les enfants avaient été assassinés en 1986. Il n'avait alors que 16 ans. Il avait avoué, avant de se rétracter. Depuis, il ne cesse de clamer son innocence. Agé de moins de 18 ans au moment des faits, il relevait de la cour d'assises des mineurs. Celle de la Moselle lui a infligé la réclusion criminelle à perpétuité dans l'absolu silence censé protéger les enfants. Lorsque la Cour de cassation a annulé sa condamnation le 3 avril dernier, elle l'a renvoyé devant une autre cour d'assises des mineurs. En toute logique puisque, même âgé de 30 ans, il était toujours mineur au moment des crimes. Son avocat s'en indigne: «On va recommencer la même procédure, avec ce qu'on sait qu'il en a résulté la première fois. En