Gorge nouée, maux de ventre, douleurs dans la poitrine et tachycardie : depuis leur évacuation , certains habitants du quartier de la République somatisent. Le Dr Jean-Pierre Degouge, médecin généraliste de la cité depuis vingt ans, a soigné, installé dans le cabinet médical d'une halte-garderie prêtée par la ville. «La moitié de mes patients ne part jamais en vacances. Au moment de faire les bagages, ils étaient consternés : la plupart n'ont pas de valises. Ils sont partis avec un sac plastique, sans vêtements, sans pyjamas, sans couches pour les bébés. Ils vivent habituellement cloîtrés dans leur appartement et ne bougent jamais, sauf pour faire les courses. Ce départ, obligatoire et brutal, les a beaucoup stressés.» La présence massive des hélicoptères, des militaires, des CRS et des pompiers n'a rien arrangé. Depuis, Jean-Pierre Degouge avoue exercer une médecineÊinhabituelle : «Je rassure, je dédramatise. Je vois des patients pleurer parce qu'ils allaient recevoir leurs enfants et leurs petits-enfants pour le week-end pascal et qui ont tout annulé, le frigo plein.» Les soucis minuscules deviennent énormes. «Certains me téléphonent juste pour parler. Je leur explique qu'il faut relativiser. Ils ont un toit, du chauffage, de quoi manger. Ce n'est pas la famine.» Jean-Pierre Degouge a prescrit quelques anxiolytiques : «Au cas par cas. ça les détendra en cas de panique. Comme cette petite dame qui est restée des heures sans bouger dans sa nouvelle habitation.» Ou comme ce j
«Je rassure, je relativise»
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par Haydée Sabéran
publié le 21 avril 2001 à 0h33
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