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Libération

Des femmes de détenus s'en vont en guerre

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Eloignement familial, transferts abusifs... un collectif dénonce l'arbitraire.
publié le 23 avril 2001 à 0h33

Bordeaux correspondance

Leslie travaille à l'université de Bordeaux, Dominique est institutrice à Marseille, Nathalie aide-soignante. Toutes mères de famille, toutes femmes de détenu. Leurs histoires se ressemblent, leur vie s'est arrêtée le jour où leur homme s'est retrouvé en prison, pour une raison ou pour une autre. «Du jour au lendemain, on est devenu des moins que rien», s'insurge Nathalie Rivière. Elle travaillait de nuit en hôpital, elle a dû abandonner son emploi après l'arrestation de son mari, il y a trois ans. Lui et son frère sont accusés de plusieurs braquages, en attente de procès dans leur prison de Bretagne. «Mes enfants voient leur père deux heures par mois, il faut six heures de route pour y aller, le parloir est immonde, comment leur expliquer ce qui se passe?» Ses jumeaux, François et Jimmy, 4 ans et demi, crient quand ils voient un uniforme. A l'école, leur maîtresse s'est inquiétée de «leur conception surprenante de la justice»: selon eux, les méchants ne sont pas ceux que l'on met en prison mais ceux qui les surveillent.

Troubles. La belle-soeur de Nathalie, Leslie, rencontre les mêmes problèmes. Manon, sa fille de 4 ans, ne dort plus, elle mouille son lit. «Ce serait plus simple si elle pouvait voir son père plus souvent, dans des conditions décentes», dit-elle, les lèvres serrées. Une fois passé le choc de l'arrestation, elle a tenté de faire face. Elle a découvert qu'une femme de détenu «n'a aucun droit, sauf celui de se taire». Elle travaille; se re