Grenoble envoyé spécial
Après le procès de Michel Tabachnik, chef d'orchestre et membre éminent de l'Ordre du temple solaire, le procès du procès. Après sept jours d'audience devant le tribunal de Grenoble, l'impression de ne pas avoir compris pourquoi soixante-quatorze personnes ont été assassinées ou se sont donné la mort est insupportable pour les familles des victimes de la secte.
Premier à déclencher l'artillerie lourde: Alain Vuarnet, fils et frère de deux des victimes du Vercors. Sa grande silhouette toujours de noir vêtue s'avance à la barre. «Celui qui m'a le plus blessé, c'est vous, monsieur le président, par la manière dont vous avez dirigé les débats.» Au cours des débats, maître Alain Leclerc, partisan obsessionnel mais peu convaincant de la thèse du «commando extérieur», avait vu ses propos qualifiés de «café du commerce» par le président Dubois. Vuarnet fixe le magistrat: «Je voulais pouvoir vous le dire en face, droit dans les yeux, d'homme à homme.» Le président s'excuse.
Jacques Barillon, avocat genevois, condamne lui aussi «une symphonie judiciaire dont les musiciens jouaient souvent de fausses notes». Il s'en prend au procureur «peu incisif, peu curieux», reproche au président ses «discussions académiques». Pour conclure en direction du prévenu: «Vous êtes le guide, le relais entre la vie et la mort.» Même Gilbert Collard se dit «bouleversé par ce procès». Belle preuve de sensibilité: il n'est apparu que quelques heures à l'ouverture des débats, pour ne reve