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Libération

Ecuelles brisé par les explosions

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Des habitants dénoncent les nuisances et l'extension de la carrière.
publié le 2 mai 2001 à 0h44

Ecuelles envoyé spécial

Certains lèvent les bras au ciel. D'autres sursautent ou tombent à la renverse. Quand le sol bouge à Ecuelles, en Seine-et-Marne, chacun réagit à sa façon. Ces explosions sourdes se produisent deux à trois fois par semaine. Elles viennent de la carrière Piketty: 96 hectares à ciel ouvert d'où sortent 500 000 tonnes de calcaire par an. Chaque tir est différent des autres. Il y en a des forts, des moyens et des faibles. Direction et intensité varient. Leur perception aussi.

A Ecuelles, la multiplication des boums provoque une confusion de sentiments chez les habitants. Les tirs peuvent les faire se sentir bêtes. Le 2 novembre, Michel était dans son jardin quand un pan de mur s'est effondré: «Je me suis retrouvé, là, comme un con.» Les tirs font peur aussi. Ce coup d'angoisse semble toucher particulièrement les nouveaux arrivants. Suzanne, au village depuis un an et demi, ne parvient pas à s'y faire. Au deuxième étage de sa maison, elle dit: «Ça tremble tellement que j'ai l'impression que la maison va me tomber sur la tête.» Enfin, les tirs rendent fatalistes et impuissants. Claude Gaillard, jardinier, montrant les fissures de sa grange, avoue qu'il ne sait plus quoi faire: «Ça me décourage.»

Indomptable. L'inéluctable, Mikkel Frank ne veut pas en entendre parler. Cet indomptable Danois, éditeur de manuels d'informatique à domicile, a acheté une belle maison il y a deux ans, sans trop savoir ce qui se passait dans le coin. Les tirs l'ont vite fait sortir de