Bordeaux correspondance
Au XVIe siècle, les bouchers bordelais étaient passibles de la corde s'ils ne vendaient pas de la chair saine. La justice s'est depuis adoucie: Michel et Guy Brunet, patrons bouchers à Bordeaux, ont été condamnés lundi à deux ans de prison dont un avec sursis et 250 000 francs d'amendes pour avoir vendu des produits dangereux pour la santé de leurs clients, avec des pratiques professionnelles jugées «moyenâgeuses» par les experts sanitaires.
Trafic d'étiquettes. Dans leur arrière-boutique, on faisait mariner les rognons à l'eau oxygénée, on rafraîchissait les têtes de veau à l'Argès, un détergent industriel aux effets cancérigènes, on pratiquait une «décongélation accélérée» des quartiers de boeuf au jet d'eau chaude. En pleine crise de la vache folle, foin des règles de traçabilité: chez les Brunet, on vendait du boeuf allemand sous l'étiquette «viande française», on labellisait à la demande de «l'agneau de Pauillac» avec des bêtes venues d'ailleurs, on rebaptisait massivement les foies de veau étrangers en «origine France». Ces valses d'étiquettes, couvertes par des jeux d'écriture, permettaient de substantiels bénéfices.
A l'époque, avec sa centaine d'employés et son chiffre d'affaires annuel de 100 millions de francs, l'entreprise familiale était considérée comme un exemple de réussite sur la place de Bordeaux. Une garantie de qualité pour le gros, le demi-gros et le détail. Les bonnes cuisinières, les meil leurs restaurateurs de Bordeaux et la plupa