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Libération

H. avec enfants ch. bonnes vacances

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Les pères séparés ont du mal à trouver leur place dans le tourisme familial.
publié le 4 mai 2001 à 0h46

Il ne l'a pas vue des vacances. Elle passait en coup de vent, «Ça va papa, tu t'emmerdes pas trop?», s'envolait avec sa bande du club «eldo-junior» d'un hôtel Eldorador tunisien. Il mangeait tout seul, ne parlait pas aux pères et mères qui comme lui tuaient le temps, seuls, autour de la piscine. Les couples, eux, vivaient leur vie de couple. Lui a profité de l'offre «monoparentale» de Jet tour (1).

Il n'y a pas de bras cassés dans les catalogues mettant en scène, invariablement, papa-maman et deux enfants. «Le produit du tourisme en famille est très normé autour du couple uni, d'un imaginaire idéal de paix des ménages, explique Jean Viard, directeur de recherche au CNRS (2). Un papa avec ses enfants, c'est qu'il n'a pas de femme. Il a été quitté.» Les tour-operators connaissent très bien cette clientèle paternelle qu'ils se refusent à «cibler». «Ce serait trop stigmatisant, et on n'a pas à prouver qu'on a l'esprit large», évacue-t-on à Nouvelles Frontières.

«Dans les milieux aisés, les enfants de divorcés partent plus que les autres en moyenne, il y a une surenchère des parents», rappelle Patrick Viceriat, président de l'Association des experts en tourisme. Un million de pères, selon lui, sont prêts à payer pour «réussir» ce moment soi-disant privilégié. «Moi, j'ai l'impression que beaucoup de ces papas viennent chez nous parce qu'ils ne savent plus vivre, ni parler avec leurs gosses», raconte un chef de village du Club Med, qui pratique la ristourne monoparentale depuis toujo