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Libération

La piste du crime contre l'humanité

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publié le 7 mai 2001 à 0h47

Crime contre l'humanité, crime de guerre ou apologie de crime? Procédure pénale ou repentance politique? Les récentes confessions du général Aussaresses, revendiquant sa pratique de la torture durant la guerre d'Algérie, continuent d'alimenter le débat politico-judiciaire. Durant le week-end, chacun a affûté ses arguments, sans pour autant trancher la question: quel est le meilleur moyen de dénoncer l'infamie?

«Culture de l'oubli». Première concernée, la famille d'Ali Boumendjel, avocat du FLN, assommé d'un coup de pioche puis précipité du haut d'une passerelle le 23 mars 1957. Un assassinat orchestré par Aussaresses, selon ses propres aveux. L'un de ses fils, Sami Boumendjel, interrogé samedi par l'AFP, a rejeté toute idée de porter plainte: «Il ne s'agit pas d'aller s'enfermer dans le juridisme français, qui est connu pour sa lenteur. Il n'y a rien à attendre de l'Etat français car il a été engagé dans la responsabilité coloniale. A chaque fois qu'on a posé la question, la réponse de l'administration française a été très simple, amnistie, bataille d'Alger, secret-défense, cultu re de l'oubli.» Sa veuve, Malika Boumendjel, qui n'a jamais cru à la thèse officielle du suicide, dit la même chose autrement: «Je vais vivre un peu plus sereinement.» Tout ce qu'elle savait jusqu'à présent, c'est que «les paras sont venus», qu'ils ont enlevé son mari, puis l'auraient «torturé pendant 43 jours». Pour la famille Boumendjel, aujourd'hui, «mettre un visage sur le tortionnaire permet de