Toulouse de notre correspondant
Il est rare qu'un procureur de la République se lève en début d'audience et s'estime dans l'impossibilité de requérir. C'est pourtant ce qui s'est passé hier devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Philippe Douste-Blazy, le nouveau maire, était cité à comparaître pour l'utilisation à des fins électorales d'un fichier de parents d'élèves élus dans les conseils d'école de la ville. Michel Bréard, procureur, parle. «Qu'un magistrat soit appelé à juger des affaires d'un autre magistrat, c'est risquer de manquer de sérénité. Je demande un renvoi à date fixe», après avis de la chambre de la Cour de cassation, pour un éventuel dépaysement. «Non pas pour étouffer ou éviter ce procès, précise le magistrat, mais justement pour être sûr que cette affaire soit jugée.» Avant de conclure ainsi, le procureur Bréard avait expliqué au tribunal qu'il était fréquemment amené à rencontrer Philippe Douste-Blazy dans le cadre de la politique de la ville en matière de sécurité. Ces «liens», donc, le mettraient dans «l'impossibilité de requérir sereinement»...
Le brouhaha n'est pas venu d'où on pouvait l'attendre. A la barre, les parties plaignantes, la liste LCR des dernières municipales et la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), n'ont pas réagi «nous aimons autant que ce procès ait lieu ailleurs qu'à Toulouse où les jeux peuvent paraître déjà faits», explique un permanent de la LCR. C'est dans la salle d'audience où une foule de robes noires s'