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Libération

Jeux dangereux avec un cocktail de gènes

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publié le 8 mai 2001 à 0h48

Jacques Cohen, directeur scientifique de l'Institut pour la médecine et la science de la reproduction de Saint Barnabas, une grande clinique privée du New Jersey aux Etats-Unis, a-t-il oui ou non créé des enfants au patrimoine génétique modifié? A-t-il brisé le grand tabou de la manipulation de l'espèce humaine sur l'autel de la lutte contre l'infertilité? Oui, à lire la conclusion d'un article scientifique signé... par le biologiste lui-même. Un article qui lui vaut d'être le héros d'une polémique transatlantique.

Jacques Cohen pratique, depuis quelques années, une technique «maison» qui s'est soldée par la naissance d'une quinzaine d'enfants possédant, dans leurs cellules, des éléments génétiques de trois personnes: leur père, leur mère... et une autre femme. Une «triangularité» qu'ils transmettront à leurs enfants. En mars dernier, son équipe a publié pour la première fois dans le mensuel britannique Human reproduction une analyse génétique du sang de deux de ces quinze enfants. Conclusion: «C'est la première fois qu'est rapportée une modification génétique de la lignée germinale (modification transmissible à la descendance, ndlr) résultant en un enfant normal et en bonne santé». Le 20 avril, la revue américaine Science commente cette étude dans un éditorial au vitriol, qui brandit ces naissances comme l'illustration des carences de la réglementation américaine sur les manipulations génétiques. Jacques Cohen est au coeur du scandale. Non sans raison.

Greffe. La technique qu