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Saturnisme : le QI intraitable

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Les lésions cérébrales dues au plomb seraient irréversibles.
publié le 10 mai 2001 à 0h49

Traiter les enfants exposés au plomb, c'est bien pour faire diminuer le taux de ce toxique dans le sang, mais c'est malheureusement inefficace pour restaurer leur quotient intellectuel. C'est ce que conclut une vaste étude menée par les autorités de santé américaines (National Institute of Health), publiée aujourd'hui dans le New England Journal of Medicine.

Depuis plusieurs années, il ne fait plus aucun doute qu'un nourrisson exposé de façon chronique au plomb, même à des doses minimes, aura des troubles du développement cérébral et psychomoteur. A l'échelle individuelle, ce déficit ­ de l'ordre de 1 à 3 points de QI ­ passe complètement inaperçu. Au niveau d'une population, toute la courbe des QI est déplacée et les conséquences sont donc loin d'être négligeables en termes de santé publique. C'est pourquoi les autorités françaises essaient d'éliminer progressivement toutes les sources de plomb dans l'environnement : essence, vieilles peintures... et, plus récemment, les conduites d'eau (Libération du 14 avril).

Pour évaluer la réversibilité de ces troubles intellectuels, l'équipe de Walter Rogan a sélectionné 780 enfants âgés de 12 à 33 mois avec une plombémie (taux de plomb dans le sang) assez élevée : 200 à 450 microgrammes par litre. Ils ont été traités soit par Succimer (un traitement classique du saturnisme, en comprimés), soit par un placebo, puis suivis jusqu'à l'âge de 5 ans. Résultats : ceux qui recevaient effectivement le traitement ont eu une baisse rapide de leur